Comprendre les ressorts, les promesses et les défis d’un placement devenu incontournable
Le Private Equity, ou capital-investissement, séduit de plus en plus d’investisseurs.
Il promet de participer à la croissance d’entreprises non cotées, de financer l’économie réelle et d’offrir, sur le papier, des performances supérieures aux marchés traditionnels.
Mais derrière l’engouement, la réalité se complexifie : hausse des taux, raréfaction des liquidités, valorisations sous tension, et débats croissants autour de la transparence et de la liquidité.
Faisons le point, sereinement.

1. Le principe : investir dans l’économie réelle
Le Private Equity consiste à prendre des participations dans des entreprises non cotées à différents stades de leur développement :
- Capital-risque (venture capital) : financement de jeunes sociétés innovantes.
- Capital-développement (growth) : accompagnement d’entreprises déjà rentables souhaitant accélérer leur croissance.
- Capital-transmission (buy-out) : rachat d’entreprises matures, souvent via effet de levier (LBO).
Ces fonds ont pour mission d’accompagner la stratégie, d’améliorer la gouvernance, de créer de la valeur sur plusieurs années, puis de revendre avec une plus-value — à un industriel, lors d’une introduction en bourse, ou parfois à un fonds de plus grande taille, dans une logique de transmission naturelle du flambeau.
2. Les avantages : rendement, diversification et sens économique
Potentiel de performance
Historiquement, les rendements annualisés sur longue période dépassent 10 % par an pour les meilleurs fonds, grâce à :
- une approche active de la création de valeur,
- une décorrélation partielle des marchés cotés,
- et une sélection d’entreprises souvent à fort potentiel.
Alignement d’intérêt
Les gérants sont directement intéressés à la performance via le « carried interest » — un intéressement qui ne se déclenche qu’en cas de gains réels pour les investisseurs.
Diversification et impact économique
Investir dans le non coté, c’est soutenir l’économie réelle, l’innovation, la transmission d’entreprises familiales. C’est aussi diversifier son patrimoine hors des marchés publics souvent volatils.
3. Les inconvénients : liquidité, transparence et effet de levier
Tout ce qui brille n’est pas rendement. Le Private Equity comporte des contraintes importantes, souvent sous-estimées.

Illiquidité
Les capitaux sont bloqués 8 à 12 ans en moyenne. Il n’existe pas de marché secondaire fluide, sauf pour quelques transactions institutionnelles. Le Private Equity ne s’adresse donc qu’aux investisseurs patients, disposant d’une vision long terme et d’une trésorerie stable.
Valorisation et opacité
Contrairement aux actifs cotés, la valorisation des sociétés en portefeuille repose sur des modèles internes, des comparables ou des estimations d’expert. Autrement dit : elle est retardée, sujette à interprétation, parfois optimiste.
Effet de levier et risque de cycle
De nombreux fonds de LBO utilisent la dette pour maximiser la rentabilité. Mais avec la remontée des taux, ce levier devient un risque :
- le coût du financement augmente,
- les multiples de revente se contractent,
- et certaines opérations deviennent difficiles à refinancer.
4. Le sujet sensible : les fonds de continuation
C’est le grand débat actuel du secteur. Traditionnellement, un fonds de Private Equity liquidait ses participations à la fin de sa durée de vie. Mais avec des marchés secondaires moins favorables, beaucoup de sociétés n’ont pas trouvé de sortie au prix espéré.
La solution trouvée par certains gestionnaires ? Créer des fonds de continuation : de nouveaux véhicules rachetant les actifs du fonds initial, souvent auprès des mêmes investisseurs.
En théorie
Ces structures permettent de poursuivre l’aventure avec des entreprises performantes dont le potentiel de croissance reste élevé. Les gérants y voient une opportunité de long terme : continuer à accompagner une belle société, au lieu de la céder trop tôt, souvent dans un marché dégradé.
En pratique
Cela soulève néanmoins des questions de gouvernance et d’éthique :
- Le gérant vend à lui-même des actifs qu’il évalue lui-même ;
- Les investisseurs sont parfois incités à réinvestir pour éviter d’être dilués ;
- Et la transparence sur les prix de transfert reste parfois limitée.
Les régulateurs européens (et notamment l’ESMA) s’y intéressent de près. C’est un signe de maturité du marché, mais aussi une alerte : la liquidité artificielle ne doit pas masquer les difficultés structurelles de sortie dans un contexte de taux élevés.
5. Comment aborder le Private Equity aujourd’hui ?

Le Private Equity demeure une classe d’actifs incontournable dans une allocation patrimoniale équilibrée — à condition de l’aborder avec méthode.
Quelques repères pratiques
- Sélectionner des gestionnaires expérimentés, disposant d’un historique sur plusieurs cycles économiques.
- Diversifier les millésimes et les stratégies : venture, growth, buy-out, secondaire.
- Privilégier les fonds “evergreen” ou semi-liquides, pour plus de flexibilité.
- Vérifier la gouvernance : comité d’évaluation indépendant, transparence sur les valorisations, structure claire des frais et du carried interest.
En conclusion
Le Private Equity n’est ni un Graal ni une bulle : c’est un outil de long terme, puissant, mais exigeant. Il récompense la patience et la sélectivité, pas la précipitation. Dans un monde où la dette pèse, où les valorisations se normalisent et où la liquidité se raréfie, il redevient ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un investissement d’entrepreneur.
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