
Dette publique : comprendre les chiffres pour anticiper les décisions
La dette de l’État français dépasse 3 300 milliards d’euros, soit plus de 110 % du PIB.
Cela veut dire que l’État emprunte pour fonctionner — pour payer ses agents, ses prestations sociales, ses engagements militaires ou climatiques. En soi, ce n’est pas nouveau. Ce qui l’est, c’est :
- La hausse rapide des taux d’intérêt (de 0 % à 3,5 % en deux ans),
- La fin des politiques monétaires accommodantes (la BCE ne rachète plus autant de dette publique),
- Et surtout, l’absence de réforme structurelle à court terme.
Résultat : le service de la dette devient l’un des premiers postes budgétaires.
Plus inquiétant encore : le déficit annuel (la différence entre recettes et dépenses) reste structurellement au-dessus des 4 %, loin des engagements européens.
➡️ Pourquoi cela concerne-t-il les particuliers ?
Parce que ce niveau d’endettement limite les marges de manœuvre de l’État… et augmente le risque d’ajustement fiscal.
Quels risques concrets pour votre épargne ?
Voici les trois canaux par lesquels la dette publique peut affecter votre patrimoine :
La fiscalité comme levier de rééquilibrage
L’État ne peut pas créer de la richesse, mais il peut la prélever. Voici ce qui est dans le viseur :
- Un amendement budgétaire a récemment proposé de supprimer l’abattement fiscal de 152 500 € par bénéficiaire sur les contrats d’assurance-vie en cas de décès. L’idée était d’aligner la fiscalité de l’assurance-vie sur celle des successions classiques. La mesure n’a pas été adoptée… mais ce type de réforme revient régulièrement dans les discussions parlementaires.
- Les donations : gel ou durcissement des abattements (100 000 € par parent et par enfant) est un serpent de mer récurrent.
- L’immobilier : une révision des bases cadastrales est en cours, ce qui pourrait entraîner à terme une hausse mécanique de la fiscalité locale (foncier notamment).
- Les plus-values latentes : certains pays (Pays-Bas, Canada) ont envisagé une fiscalité sur les plus-values latentes au décès. La France y réfléchira tôt ou tard.
Le rendement des produits sécurisés sous pression
Les fonds en euros des contrats d’assurance-vie sont composés à plus de 80 % d’obligations d’État. Si les taux continuent à grimper, la valeur de ces obligations en portefeuille baissera mécaniquement (effet mark-to-market).
- Cela ne se voit pas tout de suite, car les assureurs amortissent sur plusieurs années.
- Mais cela peut limiter la capacité à servir du rendement dans un avenir proche.
➡️ En clair : le fond euro redevient intéressant à court terme, mais reste fragile structurellement.
Le risque réglementaire : le verrouillage possible de l’épargne
La loi Sapin 2, votée en 2016, permet au Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) de geler temporairement les rachats sur les contrats d’assurance-vie, si la stabilité financière du pays est menacée.
- Ce gel peut durer jusqu’à six mois, renouvelable une fois.
- Il concerne le fonds euro et les unités de compte, contrairement à une idée reçue.
Cette mesure n’a jamais été activée, mais elle existe. Elle est surtout symptomatique de la volonté de l’État de protéger ses flux de financement.
Alors, que faire ? Anticiper, structurer, diversifier
La réponse n’est ni le repli anxieux, ni le « tout bitcoin ». Voici les axes structurants à mettre en œuvre, que nous appliquons chez HORIZEUM.
Diversifier intelligemment
- Sur les supports : assurance-vie, PEA, compte-titres, immobilier direct ou en société, actifs non cotés.
- Sur les classes d’actifs : obligations privées, actions, actifs tangibles.
- Sur les juridictions : envisager une part de contrat luxembourgeois (pour sa sécurité et ses possibilités d’investissements).
Anticiper les successions
- Donner tôt pour profiter des abattements actuels.
- Utiliser le démembrement, l’assurance-vie à bon escient, les pactes Dutreil.
- Éviter les outils « tout faits » et préférer une stratégie familiale, évolutive, adaptée.
Organiser la liquidité patrimoniale
- Prévoir un volant de liquidités disponibles rapidement hors assurance-vie (livrets, PEA monétaire, compte-titres).
- Éviter d’avoir trop concentré en fonds euros, même si le rendement actuel peut sembler séduisant.
Faire auditer régulièrement sa stratégie globale
- Un patrimoine, c’est comme un bateau : il faut régulièrement vérifier les voiles, la météo et la route choisie.
- Cela permet aussi de rattraper les oublis, comme cette cliente qui, depuis 2017, avait zappé de déclarer sa réduction Pinel… (elle a pu récupérer quelques années — mais ce n’est pas votre assistant vocal qui l’aurait fait 😅).

Conclusion : être serein, c’est être préparé
Ce n’est pas la dette publique qui mettra à mal votre patrimoine.
Mais le manque d’anticipation, la passivité, ou le confort des vieilles solutions.
L’environnement change. La fiscalité va évoluer. Le rendement ne viendra plus de la sécurité… mais de la stratégie.
C’est dans ces périodes de transition qu’un vrai conseil reprend tout son sens.
Et plus que jamais, l’humain redevient un actif essentiel.